Tout d’abord, je me dois de me présenter… Je me nomme Ezekiel Rosario… Tout ce qu’il y a à savoir sur moi, vous le saurez si vous lisez ce que j’ai à vous dire, ou plutôt à vous raconter…
Je suis actuellement en France généreuse et ingrate… pays majestueux et affreux… nation adorée et détestée… Une nature complexe qui s’avère l’endroit parfait pour tout individu… En effet, quel meilleur endroit que la foule pour passer inaperçu…
Je suis à un tournant de ma vie, le genre de tournant au bout duquel on ne sait pas ce qu’on trouvera… la suite du chemin où la fin de celui-ci… J’ai décidé d’écrire, pas pour confesser ma conscience, ni pour formuler une demande mais parce qu’il y a une chose que je redoute par dessus tout : ne laisser aucune trace de moi, après moi… J’espère vous présenter mon monde et vous y faire entrer, ainsi peut-être y trouverez vous parfois conseil pour votre propre vie…
Lisez ce qui suit, et entrez dans mon monde… Ou passez votre chemin sans m’avoir connu, c’est à vous d’en faire le choix…
L’histoire commence un soir d’automne, une pluie inhabituelle martelait doucement les vitres de la maison tandis que la flamme de ma bougie faisait danser les ombres qui habillaient chaque objet. Une odeur de pain chaud flottait dans les couloirs de la maison et je commençais à sentir le parfum délicieux du café. Ce couple de senteur me faisait entrevoir les magnifiques paysages de la région, les plages immenses de sables, les palmiers peuplant les villages même où nous vivions ma famille et moi… Nous habitions un petit village du Brésil, qui était à l’époque une colonie portugaise. Le commerce des Portugais s’installait comme on monte un cirque. De part et d’autres de la ville, des tentes étaient montées, des portes repeintes aux couleurs des nouveaux magasins, les rues étaient un théâtre où l’on semblait reconstituer une version accélérée de la naissance du monde. Nouveaux peuples, nouvelles marchandises, nouveaux rêves et nouvelles lois. Tout contribuait à nous faire penser que le « Nouveau Monde » était le surnom parfait pour cet endroit…
Mais revenons à ce fameux soir où tout a commencé… Je me trouvais donc dans ma maison, et plus précisément dans le bureau de mon père parti plusieurs jours pour affaire en Argentine. Ce bureau était à l’image de la vie de mon père : luxueux et sombre… Je me tenais ainsi sur la chaise du bureau pour écrire un article parlant de plusieurs poètes du moment… A mesure que la lumière de la bougie faiblissait, je m’endormais sans trop le vouloir. Je me réveillai, la tête sur les bras, eux même posés sur la feuille qui contenait mon article encore inachevé. La bougie qui finissait presque de briller attira mon attention sur le temps que j’avais passé dans ce bureau à dormir… Je pris alors le chandelier en argent et marchais doucement pour ne pas éteindre la flamme qui luttait péniblement pour survivre. En longeant le bureau, je fis basculer au sol un tas de feuilles et quelques vieux livres dont les sujets vous tuent d’ennui sur place. Mais alors que je remettais tout à sa place initiale, je me rendais compte qu’une clef était tombée avec le reste. N’ayant jamais vu cette clef, je fus d’autant plus curieux de savoir ce qu’elle ouvrait et je m’empressais de réfléchir à l’emplacement de la serrure qui captivait ma curiosité. Ne trouvant rien dans mon esprit qui aurait pu correspondre avec cette clef, j’allais jusqu’à mon lit et m’y installais en pensant déjà à la journée du lendemain, je pensais à toutes les choses que j’allais faire et dire, les endroits où je me rendrais, et surtout, je pensais au retour de mon père qui m’avait promis un outil comme celui que les marins utilisent pour voir loin à l’horizon. Je languissais déjà de pouvoir regarder les étoiles avec ce précieux objet.
Commentaires :
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Bonjour à vous Songe...
On m'a déjà parlé de vous, et je vois avec plaisir que votre réputation n'est pas créée de toute pièce...
De par votre nom, et vos écrits pour ce que j'en ai vu, je me permets de dire avec certitude que vous semblez fasciné par la force de l'esprit... sa légèreté... sa faiblesse... Et croyez le, ce n'est pas en me lisant que vous changerez d'avis... Vous jugerez par vous même, je mets bientôt la suite du Journal à la disposition de potentiels lecteurs et il se peut que vous en appreniez plus encore sur l'histoire d'Ezekiel Rosario, ce qui vous mènera j'en suis certain à vous poser quelques questions... Je ne veux en aucun cas clamer que la vision des choses d'Ezekiel est la bonne sous prétexte qu'il a vu et vécu des milliers de choses... J'essaye de montrer, au travers d'une existence riche et mouvementée, le sens d'une vie et tout ce qui accompagne cette période de temps nous séparant de la mort...
Je tenais à dire que cela est très motivant d'avoir reçu une critique, et que la suite du texte arrive très bientôt...
Merci.
Songe
Sire Ezekiel Rosario,
C'est avec un intérêt mêlé de crainte respectueuse et d''irrépressible curiosité que mes yeux se sont posés sur les pages que votre main nous a offerte ... oserais-je espérer qu'un représentant du peuple de la nuit s'adonne à aux belles lettres et se dévoile au fil de la plume ? De toute ma vie errante, avec laquelle je ne voudrais vous importuner mon seigneur, j'ai laissé mon esprit vagabonder dans ces mondes qui se tiennent à la frontière d'une réalité que nous vendent à renfort de preuves hâtives et d'irréfutables spéculations la horde de scientifiques bornées et j'avoue en être venu, moi-même, à me convaincre que l'imagination humaine avait été assez fertile au cours des siècles pour faire fleurir tout un peuple de créatures, tout un éventail de décors délirants ...
Mais vos mots insinuent le doute dans les méandres de mes pensées ...
Aurais-je saisis sur cette page les phrases d'un authentique seigneur nocturne sous couvert de journal intime ? La garantie que son message passerait sans que ne soit menacée sa sécurité est-elle justement l'incrédulité ancrée a priori dans les consciences ? Pourrait-il jour après jour user de mots pour décrire un état qui ne sera jamais considéré par ses lecteurs que comme une pertinente, réaliste et admirable fiction ? Ce serait coup de maître que de perpétuer le message sous couvert de fertile imagination ...
Mais je sais quant à moi ce qu'il en est ...
Je vous souhaite de connaître nuit agréable ²=et c'est avec impatience que j'attend de vous relire.
Chaleureusement,
Songe