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Journal du Vampire Ezekiel Rosario
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Mon père ne rentrera pas… J’en avais maintenant la certitude… L’homme qui était là hier était un puissant homme d’affaire en Argentine. Il dirigeait absolument tout ce qui se passait dans la ville de Garca, que ce soit légal ou non. Mon père devait voir cet homme lors de son voyage en Argentine, pour lui vendre les plans des bâtiments de la milice à Garca. Guardiola, c’est comme ça que l’homme se nommait, mais la légende populaire l’avait baptisé « Vampeta », ce qui veut dire « petit vampire ». Il ne laissait jamais quelqu’un avoir une dette impayée envers lui, il faisait exécuter les hommes qui ne voulaient pas payer et c’est à cause de cet acharnement froid et radical que l’on le surnommait Vampeta.

 

Mon père s’est rendu en Argentine et a passé la première nuit dans la demeure du Capitaine de la Milice. Il savait déjà que Vampeta le recherchait parce que les hommes du Capitaine lui avait fait un rapport on ne peut plus explicite : Vampeta avait fait envoyer ses « percepteurs », des hommes vêtus d’une longue cape brune employé pour être les intermédiaires des échanges que faisait leur patron avec ses clients. Les percepteurs grouillaient dans les rues de Garca, et mon père se souvenait pertinemment de la situation. Vampeta lui avait avancé un acompte de grande valeur, un coffret de pierres précieuses qui permettrait à mon père de ne plus jamais travailler de sa vie. Seulement, mon père devait en échange obtenir les plans de l’ensemble des bâtiments utilisés par la Milice. Vampeta voulait organiser un coup d’état à Garca et tuer le Général Nuño Gomes pour prendre le pouvoir total de la région. Après avoir pris quelques risques très menaçant, et avoir payer quelques personnes pour leurs services ou leur silence, mon père obtint les plans. Mais c’est à ce moment qu’il fit une grave erreur : trop fier de ce qu’il venait de faire, il décida d’exploiter lui-même les documents secrets en cherchant de bar en bar assez de fous pour organiser un coup d’état. Il lui fallut à peine une journée et une nuit pour constituer son groupe de mercenaires et il partit avec tout ces gens dans un endroit secret. D’après ma mère, Vampeta ignorait où mon père préparait son action, et il réclamait les richesses que mon père lui avait volé. Il était persuadé que nous étions au courrant de toute l’affaire, et que nous faisions tout ce que nous pouvions pour protéger mon père en attendant qu’il vienne nous chercher dans le secret. Si seulement cela aurait pu être le cas, mais je me rendais vite compte que mon père nous avait lâchement abandonné ma mère et moi avec tous ses problèmes d’argent. Comment exprimer le sentiment que je ressentais alors. Rien ne s’en approche, ou peut-être le meurtre d’une famille par un père, car c’est ce qui se produisait. Nous devions payer une dette qu’une dizaine de vies n’aurait pu racheter par le travail, nous avions comme créancier un des hommes les plus redoutés d’Argentine et ma mère accablée par l’horreur de la situation, le désamour de son mari et la destruction de tout ce qu’elle avait construit au long de sa vie la poussait vers une langueur accablante. Elle restait dans son lit à tout moment et n’avait plus envie de rien. La nourriture était cendre dans sa bouche et le vin que je lui donnais à boire était aussi savoureux qu’un courrant d’air. Je voyais avec horreur que la vie quittait le corps de ma mère comme la lumière d’un soleil s’éteint derrière l’horizon. Je sentais au fond de moi que rien n’y ferait, elle avait perdu le goût de se battre. C’est alors qu’une idée me vint à l’esprit : j’allais emmener ma mère, chez mon oncle Joao Leal, un fermier et éleveur simple et sans histoires, tout ce qu’il nous fallait. Nous n’avions pas eu de ses nouvelles depuis plusieurs mois mais il nous accueillerait les bras ouverts. Il suffisait de rejoindre la France en bateau et atteindre le Portugal pour brouiller les pistes…

 

« -     Maman, prépare ton sac de voyage, prends le strict nécessaire, nous n’avons pas le                        temps !  lui dis-je sur un ton déterminé.

-         Mais, Ezekiel, Mr Guardiola ne nous laissera pas quitter le pays… soupira-t-elle.

-         Ne t’inquiète pas maman. Je travaille avec un français, il connaît quelqu’un qui nous fera faire le voyage en France si on le paye suffisamment…  rétorquais-je rapidement. »

 

C’est ainsi que ma mère reprit le sourire tout en faisant ses bagages. J’allais voir le français.

        

Ecrit par Kentin Newborn, le Mardi 16 Décembre 2003, 15:46 dans la rubrique Journal d'Ezekiel Rosario.