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--> Chapitre 2 page 10

Le voyage s’est poursuivit dans un silence de mort, Mercutio voyait que je me sentais mal, et il n’osait pas prendre la parole. Lui qui avait toujours une phrase à prononcer, lui qui avait toujours un avis à donner, il ne savait pas du tout quoi faire face à mon mal-être. Je me disais alors que j’étais le premier que Mercutio prenait sous son aile.

 

« - Dites moi Mercutio, je suis le premier n’est-ce pas… ?

- Pardon… ? 

- Oui vous savez bien… je suis le premier que vous éduquez…

- Et bien… non. Il y en a eu trois avant toi… Pourquoi me parles tu de cela… ?

- C’est que… je vois que vous semblez avoir des difficultés à me comprendre… vous paraissez ne pas savoir quoi faire à mon égard…

- je… oui tu as peut-être raison… mais je n’ai pas eu cette difficulté avec les autres…

- Alors pourquoi persistez vous…

- Je te l’ai déjà dis… tu es… différent. J’ai eu tout le temps qu’il faut pour observer la vie, comprendre ses rouages. Et tu es celui dont j’ai besoin pour accomplir une grande œuvre.

   - Pourquoi moi… ? Les autres n’ont-ils pas fait l’affaire… ?

- Non…Ils sont devenus idiot après leur renaissance… Le premier croyait qu’il était invincible, et il s’est retourné contre moi… le deuxième trop aveuglé par ses nouveaux pouvoir avait perdu toute notion de discrétion… quant au troisième…

- Oui… le troisième… que lui est il arrivé… ?

- …le  troisième je l’ai tué…

- Et pourquoi cela… ?

- Il s’était entiché de ma bien aimée, et il l’a vampirisé… j’ai dû la tuer et il a subit ma rage…

- Votre bien aimée… un vampire peut-il aimer quelqu’un… ? vous êtes absurde…

- Evidemment que nous pouvons aimer ! Et je te serais reconnaissant de ne plus me parler de la sorte…

- Vous voulez dire que vous aviez de l’amour pour cette femme, et que cela ne vous empêchait de mordre les passants de sa ville… ?

- Exactement… cette fille était une immigrée de France. Elle était seule depuis le meurtre de ses parents et un riche couple portugais l’avez engagé pour faire le service et le ménage dans leur demeure… elle était exploitée et méprisée par ces gens… et c’était ses employeurs qui avaient tués ses parents, j’étais là lorsqu’elle l’a appris de la bouche d’un mourrant dans la rue. J’ai tué ses employeurs et nous avons habité leur maison. Depuis ce jour où Lise a pleuré sur sa vie, je déteste les hommes et n’ai aucun remords à prendre leur vie sans but… »

 

Mercutio venait de me déstabiliser complètement. Il avait balayé une de mes conviction profonde en quelques secondes. Je ne savais plus quoi penser… Je me sentais gêné d’avoir été aussi candide en lui parlant. Tellement naïf… Moi qui pensais que Mercutio était un riche héritier capricieux et désinvolte, il venait de me lancer un bout de sa vie au visage, une vie torturée et émaillée de douleurs. Je ne pouvais plus prononcer le moindre mot, je regardais Mercutio en train de perdre son regard dans les reflets argentés de la lune, mais ce n’étais pas la beauté de la nuit qui faisait briller les yeux de Mercutio, c’était des larmes contenues et amères. Je venais de le blesser. Soudain le cocher frappa du point la cabine pour nous signifier que nous approchions de l’écurie que nous cherchions. Quelques minutes plus tard, nous descendions de la voiture. Je payais un supplément au cocher pour son silence respectueux durant le voyage, et suivais Mercutio dans l’écurie. C’était une bâtisse sombre, les murs étaient composés de grosses pierres disposées et scellées en vrac. Le toit de chaume laissait passer quelques lueurs qui s’échappaient de l’âtre à l’intérieur. Nous sommes entrés.

Ecrit par Kentin Newborn, le Samedi 17 Avril 2004, 12:09 dans la rubrique Journal d'Ezekiel Rosario.