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--> Chapitre 2 page 2...

« - Merc… euh… Mercutio, dites moi… je peux encore mourir maintenant ? Enfin je veux dire, je suis immortel comme vous… ?

- Non Ezekiel… mais tu en seras bientôt un si tu le désire toujours.

- Vous connaissez déjà ma réponse alors à quoi bon poser la question.

- Ne t’inquiète plus Ezekiel, tu auras tout ce que tu veux le plus. La vengeance, la satisfaction, la force, le plaisir, la vitesse, et surtout le plus important : la conscience des choses qui t’entourent. Tu verras le monde autrement… Tu le verras sans son masque… »

 

Il n’a pas eu besoin de parler plus longuement, ce que j’avais envie d’entendre venait d’être dit. Mercutio m’était encore presque inconnu mais j’étais déjà convaincu d’une de ces qualités. Il avait cette faculté fascinante de toujours voir précisément et intimement les émotions de ses interlocuteurs. Il savait ce qui nous faisait peur, ce qui nous attirait, ce qui nous faisait mentir. Mais je ne savais toujours pas pourquoi il m’avait choisi et pas un autre pour faire ce qu’il était en train de faire. Recherchait-il un compagnon pour tuer le temps, un assistant, un témoin, un garde du corps… ? Je décidais de lui demander :

 

« - Dites moi Mercutio, je voudrais connaître vos réelles motivations en ce qui me concerne.

- Et bien, je te l’ai déjà dit Ezekiel. Tu m’as paru moins ennuyeux que les autres. Les vampires sont tous si personnels, et fiers d’eux même… Je voudrais former un vampire avec l’expérience que j’ai, donner un souffle nouveau à notre sang. Je veux t’apprendre à maîtriser tes pouvoirs, et t’en servir comme il se doit.

- Pourquoi moi… ?

- Je crois que c’est personnel, mais si tu insistes je vais te le dire : si je t’ai choisi, c’est parce que tu ressemble à l’homme que j’étais avant de devenir un vampire…

- Que… moi... ?  En quoi puis-je bien vous ressembler… ?

- J’étais innocent… j’étais jeune, aimable et respectueux… et surtout, on a assassiné ma mère… J’adorais écrire… Mes mots en ce moment deviennent creux, poussiéreux… Et toi tu écris il me semble… Je veux que mon expérience et ton éveil à ta nouvelle vie se conjuguent pour écrire un ouvrage majeur sur notre condition… »

 

Mercutio me montra un carnet de poche, le cuir noir craquelé et usé témoignait à lui seul de l’âge du livret. Il m’expliqua qu’il s’agissait de son journal. Ma tête tournait d’un vertige malsain, j’avais perdu beaucoup de force la nuit passée et j’écoutais Mercutio sans trop pouvoir faire autrement. Il me raconta brièvement qu’il avait fouillé mes affaires avant mon départ, avant même la mort de ma mère. Apprendre ce fait me mis dans une grande colère mais cette rage était enfermée dans la faiblesse immense que je ressentais. J’étais contraint de le laisser finir ce qu’il avait à dire. Il me parla de mes écrits, qu’il les avait trouvés très intéressants. Je me demandais en quoi les écrits d’un jeune homme de vingt ans pouvaient intéresser un vampire vieux de très nombreuses années. Mais il coupa court à mes doutes en m’expliquant que ce n’était pas le vampire qui avait été touché, mais l’homme qu’il était avant sa « transformation ». Il sortit un deuxième carnet. Malgré le fait que mon sang se faisait rare et que ma vision était floue comme pour me dire que ma vie quittait doucement mon corps, je reconnus ce carnet. Et pour cause, c’était le mien. Il entreprit d’en lire quelques passages en même temps qu’il parcourait le sien. Il commença par lire la première phrase, elle disait ceci : «23 Avril 1487 Paris » Puis, Mercutio sourit et ouvrit mon carnet à la première page pour en lire la première phrase : « 23 Avril 1787 Garca ». Nos carnets avaient trois cents années d’écart jour pour jour…

Ecrit par Kentin Newborn, le Mardi 9 Mars 2004, 14:10 dans la rubrique Journal d'Ezekiel Rosario.
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