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--> Chapitre 2 page 5

Je me réveillais allongé dans l’herbe… Je ne savais absolument pas ce que je faisais ici mais j’étais au calme. J’ai alors levé les yeux pour voir ce qui m’entourait. Une dizaine de gens me regardaient. Un homme creusait un énorme trou dans la terre. Je décidais de regarder à l’intérieur pour voir ce qu’on y mettait. L’homme qui creusait me mis un coup de pelle et je tombais au fond du trou. Je tendais ma main aux gens mais ils préféraient rire de moi. Un homme s’approcha avec une torche, il la posa par terre et l’herbe verte pris feu. Le feu prenait sur les arbres et la rivière, les flammes gagnaient du terrain tout autour du trou. L’homme me tendit sa main, je la saisis en protégeant mes yeux de la vive chaleur des flammes et remontais à la surface…

J’ouvrais les yeux délicatement de peur que la lumière ne brûle mon regard, mais la douleur avait disparue. Pourtant mon sentiment d’insécurité était toujours aussi fort. J’étais dans une pièce inconnue de ma mémoire qui semblait être un dortoir. Deux rangées d’une quinzaine de lit longeaient les murs en pierre grise. Les draps étaient couverts de sang, de matériel médical et de vêtements. Je me disais alors qu’il s’agissait d’un dispensaire ou d’une clinique improvisée. Je décidais d’en savoir un peu plus, et puis il fallait que je marche. Mes forces étaient revenues après ce long sommeil, mieux encore je ne ressentais aucune fatigue ni aucune gêne pour marcher et visiter cette grande salle. A mesure que j’avançais, je voyais de nombreux objets religieux parmi lesquels des icônes saintes, des crucifix en bois ou des flacons d’eau bénite. J’ai même aperçu deux ou trois bibles. Je devais probablement me trouver dans une clinique de petite fortune tenue par des gens d’église. Je décidais d’en avoir le cœur net et marchais plus loin dans le bâtiment pour trouver quelqu’un qui pourrait me renseigner. J’entrais dans un couloir de longueur moyenne. Les bougies disposées le long des murs faisaient briller les vieilles pierres grises tandis qu’un léger vent froid circulait emmenant avec lui quelques feuilles mortes et une odeur très désagréable comme celle que j’avais été habitué à sentir dans les rues de Garca lors de l’épidémie de peste. Un homme se tenait contre le mur de gauche, au fond du couloir. Il était visiblement affaibli puisqu’il se reposait de la sorte, et il respirait faiblement d’un souffle venant du fond de son corps. Je m’approchais de lui sans méfiance, j’avais dans l’idée de le secourir. Lorsqu’il sentit ma présence à quelques mètres de lui, il se retourna vivement et prit peur. Il bafouillait un langage que je ne pouvais comprendre, mais son discours était emprunt de peur et d’épuisement. Puis, il brandit face à moi un crucifix et se mit à crier ses dernières forces en un mélange de mots et de bave. Il était blessé au ventre et le sang coulait hors de son corps à la même vitesse que les paroles sortaient de sa bouche. Il était en train de mourir mais ce qui le préoccupait par-dessus tout était ma présence. Soudain, au beau milieu d’une de ces phrases agressive et désespérée, l’homme fut pris d’une douleur violente au cœur et fut terrassé par elle. J’ai compris à cet instant qu’il avait eu une peur immense à la simple vue de mon visage.

Je décidais de chercher une vitre pour y voir mon reflet. En entrant dans une petite pièce sombre et glaciale, j’aperçus un lit vieux et sale au côté duquel se trouvait un petit meuble en bois avec une petite glace dessus. Mais juste avant d’aller voir à quoi je ressemblais, je me souvenais des vieilles légendes sur les vampires. D’après ce que j’avais pu lire, les vampires ne pouvait se voir dans un miroir. Le miroir était considéré comme l’outil qui montrait le reflet de l’âme. Hors les vampires en étant dépourvu selon l’Eglise, les vampires ne pouvaient avoir de reflet. Je décidais de regarder tout de même, poussé par la curiosité de voir l’invisible face à moi. Mais ce que je vis dans le miroir, ce n’était pas le vide. C’était mon visage. On avait dû me frapper car j’étais couvert de sang sur la bouche et ma chemise. Je ne ressentais pourtant aucune douleur. Je décidais d’ouvrir la porte au fond de la pièce et fus paralysé en voyant ce qui se trouvait derrière : une dizaine de cadavre mordus au cou étaient allongés au sol. Une coulée de sang glissait dans les jointures des pavés gris. J’allais me détourner de cette funeste scène lorsqu’un cri retentit.

Ecrit par Kentin Newborn, le Mardi 16 Mars 2004, 11:16 dans la rubrique Journal d'Ezekiel Rosario.